Devons nous toujours être fort ? Etre fort c’est quoi ? Est-ce que c’est être fort tel un lion ? Intouchable comme un roi par son peuple ?
La semaine dernière j’ai écrit sur l’importance d’oser parler de ses émotions, de prendre son courage à deux mains pour parler de son ressenti. Pour rappel et en quelques mots, exprimer son ressenti consisterait à peu près à ça : « ne pas juger qui que ce soit, ne pas rendre qui que ce soit responsable, mais rendre l’expression de nos émotions, pensées et ressentis audibles par l’autre en toute situation, afin de lui donner une chance de mieux nous comprendre. ».
lien de l’autre article: L’importance de dire ce que l’on ressent…
Si maintenant vous avez bien compris l’importance de donner votre ressenti, vous avez peut-être pu constater, pour ceux qui s’y sont essayés, que cela est parfois compliqué. Il y a là-dedans une chose qui est récurrente concernant nos émotions : c’est la peur d’être vulnérable. C’est de cela que je voudrais aujourd’hui parler au travers d’un livre écrit par la fabuleuse Brené Brown, dans son livre le pouvoir de la vulnérabilité. Cette chercheuse en sciences sociales, touchante par son authenticité, m’a permis certains déblocages qui ont eu un effet fantastique dans ma vie. Elle m’a permis de mettre de mots sur des peurs, de changer de perception, de m’ouvrir.
Dans notre culture, et l’époque dans laquelle nous vivons nous cherchons un peu tous à se « la jouer cool » « chill ». De nos jours, on aura même des expressions pour décrire ce phénomène poussé à son paroxysme : « oh il fait trop le mec ! » ou « oh elle fait la meuf !». Ainsi on prétend ne pas soucier de grand-chose, de ne pas réellement s’en faire…On dit aux autres que ce n’est jamais « un gros problème », lorsque qu’en réalité s’en est un. On cherche la sécurité, on veut ne jamais se mettre dans des positions délicates, ne pas prendre le risque de passer pour un « idiot », ou bien d’être vulnérable, Dieu merci !
Aujourd’hui nous cachons nos émotions, tentons de les atténuer de sorte à éviter d’avoir à les exprimer. Les gens minimisent tellement leurs émotions, que même les personnes dont ils se soucient le plus ne sont plus aux courantes de ce qu’ils traversent. Nous ne voulons pas nous mettre trop à découvert, nous ne voulons pas prendre le risque de la rejection, de se sentir gênant. A la place, on se replie et place à la vu de tous, une façade derrière laquelle on se cache tel un bouclier. On vit donc dans ce monde de « la prudence et du prétendre ».
Je vous répondrais alors cette formule bien connu :
Est-ce une grosse perte dans nos relations ?
Il est évident qu’un tel comportement est plus rassurant et plus sûr dans un sens, on a ainsi moins de risques d’être blessé par l’autre, car notre entrainement quotidien aura été de ne pas trop laisser grandir nos sentiments pour l’autre, en minimisant toujours la réalité. Cependant c’est une perte et pour plusieurs raisons. Avant tout agir de la sorte, ce n’est pas être honnête, sincère. De plus, on ne sera jamais comblé par cela pour la simple est bonne raison qu’on ne veut pas se donner entièrement aux gens, qui en valent la peine, que l’on aime. En fin de compte, on y perd beaucoup à vivre de la sorte, c’est purement et simplement sous prétexte de rester « cool » (de nous protéger), une démarche qui nous amène une aimer à moitié, et ainsi même, de vivre à moitié.
« Durant l’enfance, on pense qu’en grandissant, on deviendra invulnérable. Mais grandir c’est accepter la vulnérabilité. Être vivant, c’est être vulnérable. » -Madeleine Engle
Notre culture renforce le message qu’être « distant », un peu « froid dans ces émotions » est mieux, car plus fort et plus « cool » (un côté mystérieux), tandis qu’être ouvert, vulnérable, et honnête c’est plutôt être faible. L’idée de « je n’ai besoin de personne d’autre », et « je suis capable de tout gérer par moi-même », est d’un côté aussi admirable, qu’enviable. D’un autre côté, on la confond souvent avec l’idée fausse, que grandir c’est être solide, fort et intouchable.
Seulement en étant « cool » on a l’impression d’y arriver en quelque sorte. Quand on est cool, on est « distant » : être distant, c’est l’être à la fois de nous-même, par un jeu de masques servant cacher notre vraie personne, et à la fois des autres, c’est pour ainsi dire, tenter devenir intouchable en toute situation. Nous devenons intouchables par notre capacité à diminuer nos émotions leurs effets (à minimiser), et par celle de diminuer la possibilité de leurs apparitions grâce à notre « distance » des autres. Et finalement lorsqu’on devient intouchable, on a plus besoin de personne, et on pense arriver à cette « indépendance » admirable.
Ainsi si on est assez « fort » pour faire cela au quotidien, à être distant, on deviendra plus fort et indépendant. Seulement ça ne marche pas tout à fait comme ça. Même si on choisit d’éviter nos émotions, être en vie signifie avoir des émotions. Sachez qu’elles existent et qu’elles existeront aussi longtemps que vous. Bref nous voulons tous faire preuve de courage est cela est beau, mais peut-être avons une conception erronée de ce que celui-ci…
La confiance en soi, être fort, et la vulnérabilité ne sont pas des choses de nature opposées. En fait, elles sont intrinsèquement connectées les unes aux autres, et comprendre cela c’est vivre dans le vrai…
Réfléchissez un peu à ça : lequel est le plus difficile ?
Il me semble que c’est beaucoup plus engageant émotionnellement et beaucoup plus effrayant, d’oser être vulnérable. De faire sortir quelque chose qui suscite beaucoup d’émotions en nous, de risquer d’en dire plus… que soi-disant être plein de bravoure, de force, et de confiance en soi, lorsqu’il s’agit de ne rien dire, de ne pas laisser ses émotions transparaître. Dans ce cas, éviter de parler ne résulte pas d’une quelconque force, c’est juste beaucoup plus simple (et surtout plus lâche), que de prendre le courage de s’exprimer.
Depuis quand (et dites-le-moi vraiment !), le désir de rapprochement, et de proximité avec autrui, est un synonyme de faiblesse ? C’est triste de voir le malheur que l’on s’inflige sous le prétexte du devoir d’être fort, et d’éviter d’être faible. C’est bizarre que le vœu de relations plus étroites avec les autres aille de pair avec la volonté de cacher sa propre vulnérabilité, et qui plus est, aux yeux de ces personnes que l’on voudrait plus proches. Comment voulais vous vous en rapprocher si vous leur cachez qui vous êtes réellement ? Alors peut-être se rapprocheront-ils, mais assurément pas de vous, mais du faux vous que vous renvoyez. Combien de temps pourrez-vous alors tenir ce mensonge ? Acceptez-vous de mentir indéfiniment à ces personnes que vous aimez ?…
En réalité, le désir d’amour, de proximité, et de connexion avec les autres, est une volonté et un besoin humain de base. Oui, un besoin auquel nous aspirons tous et c’est normal. Par conséquent ça n’a rien à voir avec le fait d’être fort ou faible.
« Vulnerability is not winning or losing; it’s having the courage to show up and be seen when we have no control over the outcome. Vulnerability is not weakness; it’s our greatest measure of courage. » –Brené Brown
Quand on passe sa vie à se protéger de la vulnérabilité et à éviter d’être perçu comme trop émotif, on perd une partie de la vie. Je ne suis pas le mieux placé pour vous dire cela car je l’ai fait pendant de nombreuses années et avec tout le monde. Ma vie consistait à « garder une distance saine avec tout et toujours prévoir une porte de sortie » ; ne pas trop se faire porter par l’émotion.
Alors nous pensons souvent que la vulnérabilité est mauvaise, car c’est être faible qu’être vulnérable. Or et à si méprendre la vulnérabilité ce n’est pas ça, ce n’est ni un bon sentiment, ni un mauvais en soi. Comme le dit l’auteur : « La vulnérabilité est au cœur de nos émotions et des sentiments. Ressentir, c’est être vulnérable. Croire que la vulnérabilité équivaut à de la faiblesse, c’est croire que le sentiment est une faiblesse. Hypothéquer sa vie affective par peur d’avoir à en payer le prix, revient à s’éloigner de ce qui fait le sens et le but de la vie. »
La vérité c’est que « la vulnérabilité est la mesure la plus accrue du courage », c’est le fait d’avoir le courage d’être soi et de le montrer. Oser exprimer ces émotions ce n’est pas être faible. Ces choses sont des choses essentielles à toutes les relations amoureuses, familiales, amicales… « Oui, on est totalement nu(e) quand on est vulnérable. Oui, on est dans la salle de torture de ce qu’on appelle l’incertitude. Et oui, on prend un énorme risque affectif en acceptant la vulnérabilité. Mais aucune équation ne dit que prendre des risques, braver l’incertitude et s’ouvrir aux émotions sont preuves de faiblesse. » Alors vivez la vulnérabilité. Oui être honnête ira souvent de paire avec être vulnérable, mais ce n’est pas une faiblesse, au contraire c’est être brave.
La vulnérabilité c’est magnifique. C’est ce qui nous permet de faire sortir ces mots, qui peuvent remuer le cœur, changer des vies, et devenir mémorables tant le bonheur pour la personne les recevant est grand. Accepter d’être vulnérable c’est accepter de partager avec un autre le trésor de nos émotions, et oui il est normal d’avoir peur. Mais réfléchissez !
« Nous adorons être témoins de la vérité et de l’ouverture d’autrui, mais nous avons peur de rendre la pareille. »
Oser être honnête, dire ce que l’on ressent ! Brené Brown nous souligne le nœud du problème : « je veux éprouver votre vulnérabilité, mais je ne veux pas être vulnérable. ». C’est-à-dire : « La vulnérabilité est synonyme de courage chez vous, et de faiblesse chez moi. Votre vulnérabilité m’attire mais la mienne me dégoûte. »
Mais allez-y, osez-vous lancer dans l’incertitude. On est vulnérable, lorsqu’on est vrai. Vous allez voir par vous-même, faire preuve de vulnérabilité c’est voir la lumière s’allumer chez autrui, soulager son cœur, lui permettre de comprendre.
Vous voulez que votre vie et que de vos relations soit plus riches et plus épanouissantes sur le plan émotionnel ? Alors parler, oser dire. Donnons-nous le courage de nous montrer tels que nous sommes ! C’est ça être fort !
Vous en ressortirez plus heureux…
Bréné Brown avec notre leçon du jour
“Vulnerability sounds like truth and feels like courage. Truth and courage aren’t always comfortable, but they’re never weakness.”
Pour finir l’article je vous encourage vraiment à jeter un coup d’œil au livre de Brené Brown « Le pouvoir de la vulnérabilité », il est beaucoup plus complet et enrichissant que ce que vous avez lu ici.
Et pour ceux pour qui la lecture reste malheureusement une chose délicate, voire impossible… ou bien les plus flemmards d’entre vous, je vous invite à voir ses différents conférences TED x dont je vous mets les liens ici :
Et voici sa deuxième conférence pour TED x :
Ciao ! Et merci encore pour votre lecture 😉