temps de lecture : 6 mins
Tout est dans le titre ! Il ne faut pas garder de trop nos émotions sur nous. Mais pourquoi une chose aussi évidente, diront certains, est plus qu’ignorée dans le comportement de la majorité des personnes. Pourquoi est-ce aussi important de dire ce que l’on ressent ?
La plupart, lorsqu’il s’agit de s’exprimer, pensent éviter le conflit en ne faisant pas part de leur sentiments et ressentit d’une situation donnée. Pourquoi ? Nous accordons malheureusement trop d’importance à la manière dont nous jugeons notre ressenti. Nous accordons trop d’importance à renvoyer une image parfaite de nous aux autres. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas bien de vouloir donner une bonne image de soi, seulement que nous nous attachons trop à cela. Or il faudrait garder à l’esprit que « personne n’est parfait ». Allons, je ne vous apprends rien ! Mais qu’est-ce que ne pas oser s’exprimer implique ? Où est notre erreur ?
Le silence…
Nous jugeons régulièrement nos émotions, nos pensées, et on se dit qu’elles ne sont pas correctes avec l’image que l’on se fait de nous, avec la personne que l’on souhaite être. Nous pensons que certaines de nos émotions sont mauvaises, que ce n’est pas bien si je dis telle chose ou telle chose, que ce n’est pas gentil. Nous ne pouvons pas dire ce que nous ressentons car on pense manquer de calme, d’attention, de gentillesse, de justesse. Dans ces moments, nous pensons que l’on va blesser notre interlocuteur, créer un conflit avec lui, en faire un ennemi, ou bien l’éloigner de nous. Ou pire, pour certains, montrer ses émotions rime avec ne pas être fort ou viril. Bref on ne veut pas parler de nos émotions car nous croyons que le faire compliquera les choses pour nous ou avec les autres.
Ainsi, nous passons sous silence une partie de nous, nous faisons taire ce qui monte en nous pour « bien » se comporter, montrer au monde une image « correcte » de nous-mêmes.
La norme :
D’ailleurs c’est fou de voir à quel point, on confond un certain nombre de règles implicites sur la manière de bien se comporter avec autrui, avec notre propre vision des choses (même si les deux peuvent concorder). Notre vision de la « norme », du « bon » est la règle que nous imposons à nos réactions. Nous croyons souvent, et c’est vraiment d’une croyance dont il s’agit, qu’en jugeant en nous ce qui est « bon » et ce qui est « mauvais », nous avancerons vers le « bon ». Or ce n’est pas vraiment le cas. « Au fond, nous avons une image assez précise de qui nous devrions être pour satisfaire à nos critères d’acceptabilité, de sécurité, de conformité à nos valeurs… et nous n’acceptons pas le fait que nous pouvons y déroger. » Voilà à mon sens, tout le problème.
Réfléchissons un peu !
Jamais personne ne vous a dit de faire taire vos émotions pour vous entendre avec autrui. Si vous n’arrivez pas à les exprimer sans que cela énerve ou mène au conflit, ça ne veut pas dire que ce n’est pas bon de la faire. Peut-être que cela veut simplement dire qu’il faut apprendre à mieux le faire, que l’on trouve une autre manière pour exprimer correctement ses émotions (nous reviendrons là-dessus).
Photo by Joseph Gruenthal
Alors, doit-on dire ce que l’on pense ou pas ? C’est une question bien compliquée n’est-ce pas ?
Personnellement, j’ai quelque peu de vécu avec cela, comme nous en avons tous eu je le pense. Mon père et moi, avions l’habitude de rentrer dans une sorte de conflit la plupart de fois où l’on se parler. Ça ne passait presque que par ça. On s’aimait, mais on préférait passer des heures à attaquer l’autre, à argumenter sur qui avait raison sur tel ou tel point, et tenter de faire reconnaître à l’autre par la raison pourquoi il avait tort. Tout ça car on ne voulait pas avouer ce qui nous faisait réellement réagir, ce que l’autre nous avait fait et mis en rogne, ou plutôt pourquoi on ne trouver pas ça normal que la personne dise cela…
Les facteurs d’erreurs de notre communication sont évidemment multiples, mais je suis sûr d’une chose : j’aurais pu éviter certaines de ces batailles d’arguments. Il m’aurait suffi alors juste de reconnaître où j’avais tort et de dire où je pensais avoir raison et surtout pourquoi telle chose me faisait du mal, me faisait tant réagir. Ces disputes n’étaient jamais sur le tournant de mes émotions, alors que c’étaient-elles, la source de douleur et d’énervement pour moi.
c’est pas important…
Je voulais croire que mes émotions n’étaient pas importantes et que parler d’elles me rendraient faible (chose que je ne voulais pas), ou bien que parler d’elles énerveraient l’autre, puisqu’il penserait que je ne prenais pas au sérieux ce qu’il pouvait dire, que mon comportement se résumerait à « pleurnicher » (mais cela est une croyance, encore une fois). Alors, je refoulais ça dans mon seul but : avoir raison, traiter de la logique, de la rationalité des choses qu’il disait, et non pas ce que ces mots provoquaient réellement en moi. Si j’avais simplement été sincère alors j’aurais dû oser évoquer mes émotions, et cela aurait pu résoudre quelques situations.
Photo by Luis Galvez
Nous sommes détruit par l’intérieur
Cela dit, d’où ça vient le refus de communiquer cela ?
Le fait de ne pas oser dire ce que l’on pense peut venir de plusieurs facteurs. Néanmoins il semble y avoir plus ou moins deux facteurs. Il y a dans un premier temps l’éducation. Ah cette fameuse éducation qui revient souvent sur le tapis lorsque nous faisons une petite introspection !
J’ai de la chance, cependant peut-être que pour certains, vos parents ou bien d’autres adultes, vous ont appris plus petit que la vérité n’est parfois pas bonne à dire, que parler trop franchement peut heurter votre interlocuteur, que la hiérarchie doit absolument être respectée… C’est sûr que vous allez avoir du mal à parler ouvertement.
Mauvais passé :
Ensuite, Il y a aussi et surtout l’expérience qui rentre en ligne de compte. Il suffit qu’une fois, vous ayez dit ce que vous pensiez à quelqu’un et que ça a été très mal reçu. Ainsi, désormais vous ne voulez plus refaire cette expérience et vous ne dites plus rien, par peur de recommencer, de blesser ou d’être blessé par l’autre.
Donc ces deux facteurs, ou peut-être un seul en fonction de votre cas, additionnés avec la peur de ne pas être conforme à l’idée que l’on se fait sur comment on devrait être, entraînent un motus et bouche cousue. Nous n’osons pas parler lorsqu’une situation conflictuelle émerge. On ne veut pas se décevoir, ni décevoir l’autre. Bref nous « prenons sur nous ». Malheureusement ce processus est si rapide avec la répétition au travers du temps, que nous ne ressentons plus, hop ! C’est déjà enfoui, transformer en jugement. Ainsi nous nous faisons mal, et faisons aux autres un mal indicible en n’osant pas communiquer nos émotions.
Ah nos émotions !
Et bien sûr, vient le jour où ce qui a été si bien enfoui explose… Vous connaissez peut-être ce moment !? (Faites m’en part en commentaire)
Généralement à contre-emploi total, on déverse sur l’autre toutes ces choses enterrées en nous. L’autre est alors notre poubelle, et cela est dangereux. D’ailleurs sur ce sujet je vous invite vivement à relire l’explication que j’ai faite du 1er accord Toltèques, afin de comprendre que le pouvoir des mots est aussi bien, constructeurs que destructeurs, et ce pour quoi il faudrait garder une parole impeccable. Voici le lien:
https://synopsis-le-blog.com/les-4-piliers-du-bonheur/
Photo by Jonathan Rados
Aujourd’hui :
Aujourd’hui j’arrive mieux à communiquer avec mon père, j’arrive mieux à oser parler de mon ressenti. Ce n’est jamais parfait, mais c’est beaucoup mieux et je me sens bien plus à l’aise et heureux dans cette relation. J’aurais voulu me rendre compte de cela plutôt. Je l’aime et je l’aimais seulement aujourd’hui je trouve que j’ai passé bien trop de temps à m’être énervé avec lui, à me pourrir mon quotidien. J’aurais voulu comprendre ça plutôt pour ne pas gâcher tant de moments avec ces personnes auxquelles je tiens le plus…
Pour moi, pour comprendre une telle chose, il m’aura fallu passer, d’une part un éloignement prolongé et ce à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, pour prendre conscience que l’amour que j’avais était bien plus important que tous ces faux conflits (j’étais en partie celui qui les créaient), mais d’autre part, subir une dépression pour comprendre que je ne pouvais plus ignorait ce que je ressentais.
J’étais arrivé à un point de négligence tel, de qui j’étais, remplacé par celui que je voulais être, que je ne pouvais plus passer une seule seconde avec moi-même. J’étais tout en bas, j’étais très triste. Puis après des mois de calvaires, est venu enfin le moment où l’on apprend, où l’on redonne vie au moi que j’avais tenté d’étouffer à petit feu. Le moment où, l’on apprend à plus s’écouter et enfin à mieux s’exprimer (bon ça n’a pas été aussi direct que ça, bien evidement…).
Ça veut dire quoi ?
Je voudrais donc porter un message, aucune de nos émotions, aucun de nos ressentis, aucune de nos pensées ne sont « mauvaises », rien de ce qui nous traverse, quelle que soit l’occasion, n’est à juger, à rejeter, à faire taire…
« Ce qui nous traverse, ce qui nous vient à l’esprit, EST, un point c’est tout, et le juger ne le fera pas disparaître. Il est absolument nécessaire d’exprimer ce que l’on ressent, à partir d’un lieu, en nous, centré et responsable : c’est à dire qui ne nie pas les émotions et ressentis mais ne rend pas non plus les autres ou les situations responsables de ce qui nous arrive. »
Mais comment faire pour dire les choses ?
Je rappellerai ici une chose importante, communiquer ces émotions ne se fait pas à la négligence de son interlocuteur, au non-respect de celui-ci. Exprimer son ressenti, ce n’est pas attaquer. Dire sa vérité n’est pas dire ses quatre vérités à l’autre. C’est juste faire part de ce qui nous traverse, et en gardant la paternité. Lui aussi est un être sensible qui peut ressentir des émotions.
Vous n’êtes pas là pour être violent envers lui ou elle, ne le frustrer ou ne l’offusquer. Ne tenter pas de le rendre de votre mal être. N’oubliez pas que c’est ça qui, un jour, vous a gêné aussi. Exprimer simplement permet au contraire à l’autre d’en faire autant, et du coup les relations. Ce comportement s’appelle l’assertivité, autrement dit l’affirmation de soi dans le fait de dire ce que l’on pense. La vie tout entière va alors prendre une autre densité, une autre saveur… on est dans le vrai, et c’est agréable.
Vous voulez dire ce que vous pensez :
· Ne parlez pas sous la colère
· Mesurez les conséquences de vos propos, le but n’est pas de rendre l’autre responsable
· Mettez en avant le positif
· Dites-vous que votre interlocuteur ne comprendra peut-être pas votre ressenti au premier coup, mais que le plus important est de lui en faire part.
PS : une suite est proche et j’espère vous retrouver d’ici peu, en attendant n’hésitez pas à partager, et surtout j’aimerais que vous me donniez votre avis, votre ressenti sur l’article ici présent. Ciao !
S’entendre et se comprendre, c’est agréable..

Photo by Taylor Simpson