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On l’a bien compris avec toutes les vidéos ou autres sortes de contenu qu’il existe sur la toile, que si on veut réussir dans la vie, alors il faut répéter certaines actions chaque jour : recommencer encore et encore, ou bien continuer encore et encore. L’action et surtout la répétition font le progrès. Et le progrès nous amène chaque jour un petit pas plus proche du succès. C’est donc notre capacité à répéter les efforts qui semble déterminer notre réussite.

Mais une constante importante dans ce succès c’est aussi notre productivité, être capable de faire beaucoup avec nos 24 h. Réaliser ou produire ce qui vous rapproche de vos objectifs, c’est être productif. Et pour être sûr d’être productif, il vous faut réaliser maintenant la prochaine action qui vous rapproche de vos objectifs. Voilà un message qui nous est transmis : toujours faire et être dans l’action, comme si le repos, la pause n’avaient aucune vertu pour le succès et notre bonheur.

Dans notre société très centrée sur la vitesse d’exécution et la quantité (la masse d’informations, de ventes, de tâches, …), nous sommes de plus en plus encouragés à être productifs : produire beaucoup et vite. Ce qui fait que nos journées sont rythmées par des « To Do List » qui ne se désengorgent jamais. La productivité est une qualité de premier plan de nos jours.

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Photo by Carl Heyerdahl

C’est comme s’il fallait toujours achever une tâche pour avoir une certaine valeur dans ce monde. On favorise uniquement ce que les gens ont accompli, plutôt que ce qu’ils expérimentent. Trop souvent on pense que l’on doit tout le temps faire quelque chose « d’utile ». Or, avez-vous l’impression qu’effectuer toutes ces tâches vous permet de vraiment évoluer ? Est-ce que tes rêves de succès vont se faire torpiller si tu n’es pas productif tout le long de la journée ?

Devrions-nous toujours être productifs ? Et si oui pourquoi devrions-nous ?

Pour être un peu plus clair autour de cette idée de productivité j’aimerais notamment partager avec vous mon histoire.


Ai-je raté ? Suis-je un raté ?

Ces dernières semaines n’ont pas été des plus productives pour moi, ou tout du moins pas autant que je l’aurais souhaité. En effet, je n’ai pas pu faire tout ce que je voulais car des imprévus se sont mêlés à ma vie, et mon quotidien d’étudiant m’a un peu dépassé. Cela dit je n’arrive jamais à faire tout ce que je veux, seulement on peut dire que là je n’ai pas été productif du tout par rapport au blog. Je voulais écrire et je ne l’ai pas fait.

Comment est-ce que je peux expliquer cela ?

Il faut dire que je n’ai pas réussi car les deux dernières semaines j’ai eu des examens à l’université, dont deux très importants, qui m’ont pris un temps fou. D’une part, pris du temps, pour les travailler, mais aussi et surtout pour gérer la pression que je me mettais dans le devoir de les réussir. Cette pression n’était pas que mauvaise puisqu’elle m’a permis en partie de réussir ces derniers.

Seulement j’en avais un peu trop. De plus à cette même période j’ai appris que la seule grand-mère que j’ai, était hospitalisée à la suite d’une vilaine chute. Et cela m’a quelque peu occupé l’esprit, mais ce fut aussi à ce même moment, que ma relation avec ma petite copine prenait un tournant décisif. Nous étions entrés en plein dans un conflit très douloureux où il était très dur de voir une issue favorable.

J’étais donc très stressé. Je crois aussi que j’ai du mal évaluer mes capacités. Et aujourd’hui, je me rends à l’évidence : ça va faire maintenant trois semaines que je n’ai pas écrit quoi que ce soit pour ce blog car ça n’a simplement pas été possible pour moi de m’organiser pour le faire. Je n’ai pas eu le temps et c’est dommage. Il n’y a pourtant pas de mal… J’ai été en réalité productif sur autre chose, mes études, et cela aussi est important. Je n’ai simplement pas réussi à joindre les deux bouts.

Est-ce que je peux me pardonner et accepter que je n’ai pas été excellent ces derniers temps ? Me dire que c’est naturel…


Ce que j’en pense réellement :

C’est vrai on ne peut pas être parfait. Seulement, et je ne pense pas être le seul dans ce cas, ce n’est pas aussi simple que ça pour moi : tirer un trait aussi facilement sur ce qu’il a pu se passer, ah non ! Une partie de moi s’en veut un peu, et au premier abord c’est comme si je ne pouvais rien pour cela.

Voyez-vous, je me suis embarqué dans cette aventure de blogging avec pour projet d’écrire presque toutes les semaines, sinon toutes les deux semaines, mais je n’ai simplement rien produit. Je me suis lancé le défi de réussir à écrire et…voilà c’est plutôt raté, que faire de ce sentiment ?

Ce n’est pas facile de gérer cette émotion, car il s’ensuit chez moi automatiquement un questionnement pour trouver le coupable. J’ai donc failli, et comment expliquer réellement cela ? Est-ce que je ne me cherche pas d’excuses, comme je sais très bien le faire parfois ? Est-ce que j’ai réellement manqué de temps ? Cette question reste un peu en travers.

Est-ce que c’est qu’il m’a manqué de temps, vraiment ?

Oui, il m’a manqué de temps certains jours mais pas tous, alors comment expliquer ce phénomène… Si je n’ai pas écrit pendant trois semaines alors c’est de ma faute et donc c’est aussi de ma faute si je ne réussis pas à atteindre mes objectifs. Il n’y a rien de plus désagréable que de se rendre compte d’une telle chose n’est-ce pas ? Je suis le responsable de mon échec ! Aïe l’ego…

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Photo by Gift Habeshaw


Une fois calmé :

La vérité c’est que oui j’avais un peu de temps certains soirs mais je n’avais simplement plus l’énergie suffisante pour faire cela après une journée entière à me concentrer sur mon travail.

Le soir, j’arrivais plus à me concentrer et oublier ce qui était arrivé dans ma vie. J’avais besoin de ce temps pour moi. Du temps pour réfléchir un peu ou bien pour me détendre, sortir de cette pression. Bien que j’aurais pu trouver le temps de la faire, l’activité d’écriture n’était pas possible sur le plan intellectuel.

Alors dois-je m’en vouloir vraiment pour m’être accordé du temps pour moi, du temps pour souffler un peu ? Est-ce fondamentalement mauvais ? Suis-je vraiment responsable de mon échec ?

C’est-à-dire j’ai un petit démon sur chacune de mes épaules, et ces deux derniers ont un discours totalement diffèrent. Donc comment choisir entre eux : Il y a le coté qui veut décider de se dire à quel point j’ai échoué dans ce que je voulais faire. À quel point j’ai raté ma vie ces dernières semaines car je suis mal organisé et je n’ai pas fait preuve d’assez de motivation pour réussir. Et il y a l’autre coté qui me rappelle que je suis juste un humain et que vivre c’est aussi accepter ces moments où l’on est un moins performant, ou moins bon. Que faire ?

Pour pouvoir décider de cela, il est important de se poser une question qui est sous-jacente :

Devrions-nous toujours être productif ? Et si oui, pourquoi devrions-nous l’être ?

La réponse est clairement non ! Non, car c’est simplement impossible. Alors même si c’est facile de s’en vouloir je ne devrais pas. J’ai fait du mieux que je pouvais, par rapport à mes capacités du moment. Et m’en vouloir pour ça serait trop bête et « contre-productif », car en plus de ne pas m’être senti pas très bien ces dernières semaines ce sentiment de culpabilité accentuerait encore plus ce mal-être interne (cette piqûre faite à l’ego comme quoi je serais l’unique responsable de mon échec).

Le problème :

En réalité, dans notre société nous avons une tendance à faire trop confiance aux nombres et à la finalité directe des choses, à vouloir voir directement le résultat. C’est l’idée du tout, tout de suite, sans prendre le temps de voir en quoi telle ou telle chose pourrait être bénéfique pour nous dans un futur plus ou moins proche.

La productivité en est un symbole, car elle nous pousse à concentrer notre attention uniquement sur le résultat plutôt que le processus. On ne voit le progrès et la productivité que sous l’aune de ce qui se voit facilement, du résultat direct.3-isaac-smith

Photo by Isaac Smith

Quand on a une liste de choses que l’on doit accomplir en un temps donné, on va plutôt se concentrer seulement sur le fait d’atteindre le but désiré, plutôt que de tenter d’apprécier les différentes étapes nous y menant. Alors oui, les deadlines sont parfois nécessaires, mais plutôt que de procrastiner ou de trop remplir son emploi du temps, il faut se donner suffisamment de temps et d’espace pour réussir à apprécier un minimum les différentes étapes dans ce que l’on fait.

“There is no way to happiness, happiness is the way.”

(voir traduction possible en fin d’article)4-rolands-varsbergs

Photo by Rolands Varsbergs

D’un autre coté prendre du temps pour soi, comme moi, le soir après une longue journée est peut-être encore plus important que juste pouvoir apprécier les différentes étapes du processus. On ne voit pas ou ne peut pas voir facilement les effets positifs de cela directement. Pourtant cela était essentiel à notre bien-être et différentes études scientifiques le montrent (liens en fin d’article). En effet même si l’on souhaiterait être super-productif à partir du moment où l’on se lève jusqu’à notre coucher, cela est simplement impossible. Il est nécessaire de faire des pauses.

Notre cerveau a besoin de pauses. Et ce n’est pas nouveau pour vous, si je vous dis qu’un certain nombre de recherches nous montrent que dormir, faire des pauses, faire du sport, et manger équilibré, font de nous des personnes plus productives. C’est-à-dire qu’en poursuivant notre idéal de productivité 24h/24n on ne se rend en fait pas un grand service, et au contraire on altère un peu nos pics de productivité. Bref gardez ces deux aspects dans un coin de votre tête la prochaine fois que vous vous sentirez mal par rapport à ce que vous n’avez pas accompli.

Par exemple :

Après tout ce qui s’est passé dernièrement pour moi, que serait-il arrivé si je n’avais pas eu ce moment pour moi, pour réfléchir, rien faire, me changer les idées. Supposons que j’aurais réussi à écrire comme je l’entends, n’aurais-je alors pas souffert encore plus ? Surement, à chaque petit instant surgissant dans la journée à penser à ma situation, j’aurais réalisé à quel point j’allais de plus en plus mal et donc empiré ma situation. Ou bien à ne pas se soucier de mes problèmes, alors certains auraient empirés jusqu’à un point où ce ne serait plus possible de faire quoi que ce soit plus tard (ex. avec ma copine).

Ne pas prendre assez de temps pour se comprendre, du temps pour soi, c’est se négliger, et ça ne peut jamais aller mieux en persévérant comme ça. Il y a des hauts et des bas dans la vie, et il faut savoir se donner du temps pour vivre au mieux, ou au moins mal ces périodes…

Comme je le disais trop souvent, on pense que l’on doit tout le temps faire quelque chose « d’utile ». Mais pensez-vous encore maintenant que vos rêves de succès, de richesse, ou quoi que ce soit d’autre, vont vraiment se faire torpiller si vous n’êtes pas productif h24 ?

J’espère que non, alors laissez-vous un peu de temps. Laissez-vous aussi le temps de récolter le résultat de choses qui vous paraissent contre-productives en premier lieu, comme prendre du temps pour toi. Petit rappel : il est aussi évident que si vous n’êtes jamais productif alors vous n’avancerez jamais à rien.

Finalement, pour moi ce temps m’a permis aujourd’hui après quelques semaines d’avoir réglé le gros problème avec ma copine, de me sentir moins paniqué par l’hospitalisation de ma grand-mère etc… et c’est grâce au moment de réflexion que j’ai pu avoir certains de ces soirs qu’aujourd’hui je me sens bien. Et c’est très important. Je pense que prendre du temps pour soi permet de prendre la juste distance avec les évènements qui nous submergent et de les aborder avec plus de quiétude.

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Photo by Mindspace Studio on Unsplash


Récapitulatif :

C’est probablement un peu contre intuitif d’accepter de se donner des pauses, mais c’est cependant d’une très grande importance. Bien que beaucoup d’entre nous soient au courant, trop peu le font vraiment par « manque de temps ». Ce qui est rigolo c’est faire ces pauses vous fait gagner du temps en réalité, seulement on ne le voit pas directement à chaque fois. Par exemple pour moi, c’était la frustration qui a dominé en premier lieu. Je suppose qu’on a tous un peu tendance à voir l’échec dans un premier temps, mais il ne faut pas s’arrêter là.

Tout ceci étant dit qu’il s’agisse ou non de prendre des pauses, il faut garder à l’esprit que celui qui prend trop de pauses, procrastine et celui qui n’en prend pas, ne prend pas assez soin de lui et perd en efficacité. Donc quoi qu’il en soit il s’agit de trouver un juste équilibre. Attention donc à ne pas s’adonner à trop de pauses non plus, car on rentre facilement là-dedans.

Alors non, ne pensons pas que nous devrions être toujours productifs pour réussir dans notre vie. Je ne dis pas pour autant dans cet article que vous ne devriez pas tenter d’être productif, juste je vous dis que vous ne pouvez pas l’être tout le temps, et ce au contraire de ce que l’on voudrait parfois croire.

Je dis aussi que si vous n’êtes pas productif tout le temps ce n’est pas grave, et c’est normal. Du moment que vous êtes conscient de ça, c’est ok de prendre des pauses. Il ne faut pas se sentir toujours coupable d’avoir pris la moindre pause. Enfin et au cas où vous voudriez être productif, voici un guide rapide de la meilleure et plus simple technique pour être productif, « Comment former des habitudes qui restent ?« .

Dîtes-moi en commentaire si vous appréciez ce type d’article, où je partage un peu d’histoire personnelle. J’ai essayé de changer un peu d’approche.


Ressources supplémentaires:

– traduction possible (littéralement) : “Il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin”

C’est-à-dire qu’être heureux ne doit pas être un but, dans le sens d’une finalité. Il ne faut pas le viser mais en faire l’expérience chaque jour. Le bonheur ne s’atteint pas mais se développe chaque jour par nos décisions et nos actions. Le bonheur c’est une manière d’être et de vouloir vivre les choses d’une façon.

– Quelques liens vers des études (en anglais pour la plupart) :

https://start.lesechos.fr/emploi-stages/vie-en-entreprise/l-etude-qui-prouve-que-la-pause-rend-plus-productif-au-travail-9958.php

https://www.nature.com/articles/s41564-018-0269-5

https://www.bbc.com/future/article/20131205-how-sleep-makes-you-more-creative?referer=https%3A%2F%2Fwww.penserchanger.com%2Fpourquoi-prendre-des-pauses-vous-rend-plus-productif

https://www.nytimes.com/2008/08/05/health/research/05mind.html

https://ieeexplore.ieee.org/document/8897585/authors#authors

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