Il est plutôt aisé d’identifier ce qu’il faut faire pour changer notre vie, ce qu’il faut changer chez nous pour aller mieux. Mais il est compliqué de savoir ce qui faut laisser sur place pour aller mieux. Savoir quelles sont les mauvaises herbes à arracher de notre jardin pour que le sol soit de nouveau libre et fertile pour de nouvelles herbes.
temps de lecture : 7 mins
Photo by Gianandrea Villa
« Il s’agit à tout moment de sacrifier ce que nous sommes à ce que nous pouvons devenir. » Charles Du Bos (critique littéraire du XXème siècle)
la réflexion :
J’aimerais que l’on réfléchisse un peu sur notre temps, notre énergie, ou bien encore nos capacités mentales, notre espace mental. On peut les assimiler à bien des choses, mais je voudrais souligner que toutes ces choses ont pour point commun d’avoir une certaine limite. Autrement dit ce sont des objets de finis, c’est-à-dire le contraire d’une chose à laquelle on peut ajouter encore et encore des choses, contraire à l’infini.
Changer est souvent vu comme « l’ajout de nouveaux comportements dans nos vies ». Or l’énergie que l’on possède et ce quelle que soit la quantité propre à tout un chacun, doit être vue comme quelque chose de finie. On ne peut pas aller plus loin qu’un certain point car après nous n’en avons plus. Si l’on fait toujours les mêmes choses qu’avant, on utilise une certaine quantité d’énergie, mais si on utilise aussi et à la fois de l’énergie pour mettre en place de nouveaux comportements, il est possible de comprendre qu’à un moment donné l’on manque de cette dernière que l’on arrive à « saturation ».
Eh bien, les trois aspects nommés plus tôt partagent cette qualité de « limite », tout comme ils partagent un grand rôle dans le changement de notre vie (notamment leur gestion). Donc aussi grande soit votre volonté d’être différent, il existe seulement un espace fini vous permettant cela. Il n’y a qu’un certain nombre de choses qu’il est possible d’entreprendre en même temps dans nos vies. Tout ne peut pas rentrer dedans. Toute forme de résistance est un obstacle en travers de notre chemin, tout refus de la vérité est un bandeau de plus que l’on se met sur les yeux.
Si vous voulez changer votre vie, c’est-à-dire devenir la personne que vous voulez être et la personne vous savez que vous devez être, alors vous devrez faire des choix. Vous devrez laisser de côté certains aspects de vous. Il est donc de notre devoir et de notre ressort de choisir ce dans quoi nous voulons investir notre énergie. Ce n’est pas vraiment ce qui se passe qui importe, le plus important c’est comment on y répond. Ce n’est pas ce que c’est, mais ce que l’on fait de cela…
« Il n’est pas tellement difficile de se transformer, cela dépend du désir qu’on a d’y parvenir. » Omraam Mikhaël Aïvanhov (philosophe, maître spirituel, XXème siècle)
1. Abandonne le passé
Un vieux dicton dit que « ceux qui ne peuvent pas se rappeler du passé sont condamnés à le répéter, mais ceux qui refusent d’oublier le passé sont condamnés à le revivre. » Emily Thorne (personnage de fiction)
Le passé, indépendamment de certaines vertus, tel que le bonheur du souvenir, nous bloque surtout de vivre l’instant présent. Bien souvent, rester prisonnier de son passé est la preuve que certaines choses n’ont pas été réglées, qu’un fort traumatisme n’a pas été « digéré » à temps. Il nous tire vers l’arrière et nous empêche d’avancer.
Quel qu’il soit, heureux ou malheureux, le passé est toujours un espace dans lequel on se reconnaît, une bulle rassurante. Le risque ? Ne plus pouvoir s’en détacher. Dès lors, on ampute une part de sa personnalité en restant sur ses acquis et en ne développant pas son potentiel. Cette paralysie empêche de vivre la réalité, de profiter du moment présent et d’envisager le futur. En vivant dans le passé, on fait obstacle à ses rêves et ses buts, et on éloigne les autres de notre vie : on ne peut pas changer.
2. Ta fierté
« Notre caractère nous cause des ennuis, mais c’est notre fierté qui nous maintient en eux. » -Ésope
Pour changer ta vie, tu dois admettre ce qui ne va pas. Or la fierté est utilisée comme mécanisme de défense pour rester le même. Tu te sentiras parfois humilié par certaines choses. Sache demander de l’aide. Sois humble, et sache que nous devons tous apprendre, et accepter nos faiblesses. Dans de nombreux cas, ce sont des gens qui masquent inconsciemment certains faits ou événements qui, à un moment donné, ont généré un type d’insécurité.
La fierté est alors un bouclier qui sert à masquer le sentiment d’infériorité. Carl Gustav Jung l’a exprimé en disant que « par la fierté, nous nous trompons nous même », évoquant le rôle de l’auto-illusion en tant que moyen de protection contre la peur de reconnaître ses erreurs et leurs conséquences. Mais vous ne pouvez pas laisser perdre par la défense de votre ego. Vous ne pouvez pas passer le restant de votre vie à rester comme vous êtes, pour la simple est bonne raison que vous êtes trop fier pour reconnaitre vos erreurs ou ce qui ne va pas.
3. Vos béquilles émotionnelles, vous empêchent de changer
« J‘ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » -Nelson Mandela
Savez-vous pourquoi vous n’avez pas changé votre vie, pourquoi vous êtes bloqués, pourquoi vous faites du sur place, pourquoi vous vous trouvez toujours des excuses ? En partie, parce que vous vous appuyez constamment sur des béquilles émotionnelles qui vous empêchent d’avancer. Ces dernières sont les phénomènes psychologiques qui nous permettent d’aller se coucher moins souffrant, après le passage par un moment douloureux, de mieux vivre. Seulement à trop les utiliser on entre dans le déni sur la réalité de notre situation. Ça va pas, et on le sait, mais on tente de se dire le contraire.
Rester petit, être effrayé, vouloir garder le contrôle, refuser de prendre une action dans notre vie, est tout à fait symptomatique du fait d’avoir peur de perdre un confort. Le confort des choses qui nous sont familières, connues et confortables. On se retrouve même à se complaire là-dedans. Nous devenons dépendants de ce faux bonheur et ne pouvons plus avancer paralysés par la peur de le perdre. Or pour avancer il faut être prêt à le sacrifier.
Pour moi, Nicolas Boileau illustre bien d’un côté, le pouvoir que le temps associé à la peur peut avoir, lorsque nous faisons le point sur nous-même par exemple, ou bien d’un autre côté le fait que nos pensées négatives finissent par se réaliser, car nous sommes trop obnubilés par la peur : « souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire ». Détachez-vous de ce « faux confort ».
4. Vos techniques d’évitement
« Il faut prendre soin de ta voix intérieure car elle est ta seule présence. » -C. Jacky
Quoi que vous fassiez pour atténuer le sentiment que quelque chose ne va pas, que ce soit manger, boire, la drogue, le sexe, vous-même…Vous ne devez pas repousser indéfiniment ce sentiment. Ce n’est pas là pour aucune raison, c’est là pour vous informer. C’est là pour vous apprendre ce qui ne va pas. La première étape est de supprimer ces mécanismes d’adaptation entrainant l’évitement. Et la seconde logiquement est de prendre le temps de s’écouter.
5. Ton hédonisme
“Pleasures will never make us whole.” – Eric Greitens
Traduction possible : les plaisirs ne peuvent vraiment nous combler.
Oui, c’est bien ça, c’est contre intuitif lorsque l’on cherche à aller mieux de ne pas se laisser aller à nos désirs, aux choses qui nous font plaisir, non ? Voyez-vous, vivre la vie de nos rêves n’implique que très rarement le fait de répondre continuellement à ces désirs impulsifs. En réalité, les individus les plus comblés et qui ont le plus de succès, ont bien compris que la poursuite du bonheur par le plaisir était une impasse, une route de la confusion, et de maladie où la fainéantise régnait.
Aujourd’hui ce que j’entends par cela c’est notre rapport aux plaisirs faciles qui faut vraiment laisser tomber, comme Voltaire le disait lui-même : « toujours du plaisir n’est pas du plaisir. »
Photo by Ankush Minda
Bye, bye les choses qui m’empêchent de changer !
6. Votre zone de confort
“The comfort zone is a psychological state in which one feels familiar, safe, at ease, and secure. You never change your life until you step out of your comfort zone ; change begins at the end of your comfort zone.” — Roy T. Bennett
Traduction possible : la zone de confort est un état psychologique dans lequel tout nous familier, c’est un lieu sûr, où l’on se sent à l’aise et en sécurité. Vous ne changerez jamais votre vie si vous ne sortez pas de votre zone de confort. Le changement lui, commence à la fin de votre zone de confort.
Sortir de sa zone de confort n’est pas facile, et je rencontre moi-même ce problème. Sortir de sa zone de confort ce n’est pas aussi simple que de se lancer le défi de sentir mal à l’aise de temps à autre. Au lieu de ça, sortir de sa zone de confort, c’est plutôt comme entrer dans une nouvelle vie dans laquelle tout nous est inconnu et où tout est possible, et où toutes ces possibilités nous terrifient. Lorsque l’on sort vraiment de sa zone de confort, alors et uniquement à ce moment, nous rentrons dans cette nouvelle vie, qui peu à peu avec le temps et la répétition se voit accompagnée d’un sentiment de familiarité.
Soyons donc toujours très attentifs pour ce avec quoi vous vous conditionnez à être à l’aise, s’agit-il de ma zone de confort…Ce n’est que lorsque vous êtes sorti de votre zone de confort que vous commencez à changer, à vous développer et à vous transformer.
7. Le besoin de reconnaissance ne t’aide pas pour changer
“Make your ego porous. Will is of little importance, complaining is nothing, fame is nothing. Openness, patience, receptivity, solitude is everything.” — Rainer Maria Rilke
Traduction possible : rendez votre ego poreux, pénétrable. La volonté est peu importante, se plaindre n’est rien, la gloire n’est rien. Il n’y a que l’ouverture d’esprit, la patience, la sensibilité qui comptent…
Ce que tu prévois de faire, même si personne n’est là pour t’encourager, est ce que tu te dois de faire. C’est le moment de vérité : si tu es assez motivé pour faire quelque chose sans le besoin d’applaudissements, alors tu le fais pour de bonnes raisons. Un jour, ton jour de reconnaissance viendra peut-être, qui sait ? Mais la reconnaissance n’est pas la chose la plus importante, ce n’est pas le but final. Fais les choses pour toi et pour les autres, car tu sais que ce sont les bonnes, sans rien attendre.
8. Obéir à tes démons intérieurs
« Vos démons sont les parties de vous-même, que vous n’avez pas encore appris à aimer. »
Ce qui est intéressant c’est de voir comment nos démons les plus profonds nous hantent. Lorsque l’on fait ce qu’ils nous dissent, alors ils se taisent. Seulement quand on brûle d’envie de faire ce qu’ils nous disent de faire, que cela nous démange, on sait très bien que si on fait une telle chose alors cela ruinera tout. Ruinera une conversation ou tentative d’entente, cependant on le fait quand même car on ne se concentre que sur le moment le plus furtif de plaisir que cela nous procurera, au bonheur très court que répondre à cette petite voix diabolique nous donnera. C’est tellement satisfaisant dans un premier temps, mais l’instant d’après on se rend compte que la situation est aggravée.
Il faut donc réaliser que si l’on continue d’obéir à ses impulsions, nos plus grandes peurs finiront par se réaliser parce qu’on leur permettra peu à peu de devenir réalité. Nous deviendrons donc la plus totale opposition de la personne que l’on tend et souhaiterait devenir. Combattre ses démons ce n’est donc pas une histoire, de résister à ses impulsions les plus sombres, c’est être capable de les entendre haut et fort mais d’en choisir autrement.
9. La certitude
« Si on commence avec des certitudes, on finit avec des doutes. Si on commence avec des doutes, on finit avec des certitudes. » — Francis Bacon
Il n’y a pas de choix certains dans la vie, il y a seulement une multitude de chemins. Des chemins qui ont été empruntés plein de fois et dont ceux qui sont arrivés à la fin, peuvent revenir et dire : « celui-là, c’est le bon ! C’est le seul d’ailleurs ! ».
On aimerait tant parfois que la vie soit aussi simple que suivre les dires d’un autre. Connaissant l’issue dès le début, on ne serait plus effrayé par le fait d’avancer en direction de tel ou tel chemin. Mais ce que l’on oublie là-dedans, c’est que vivre sans être « effrayé » parce qu’on suit le chemin de quelqu’un, c’est échanger notre vie avec celle de quelqu’un d’autre, et ça, ce n’est pas vivre du tout !
La certitude est une illusion d’un des plus hauts degrés. Il n’y a pas de vie semble-t-il où la peur n’existe pas. Il n’y a rien de garanti dans la vie, donc dans ce cas il est de notre plus grand intérêt de ne pas faire ce qui est le moins risqué, mais plutôt ce qui nous est le plus utile…
10. Ton attachement à la personne que tu aspirais à devenir
« Nous ne devrions pas juger les gens par leur sommet d’excellence ; mais par la distance qu’ils ont voyagé du point où ils ont commencé. « – Henry Ward Beecher
C’est typiquement toutes ces idées que l’on a sur le futur. Tout le monde a ces sortes d’images de ce qu’ils pensent de leur futur eux : à quoi vous ressemblerez, à quel âge vous aurez accompli telle ou telle chose…Mais tu ne dois rien à la personne que tu étais hier. En revanche, tu ne dois seulement et presque essentiellement qu’à toi la personne que tu es devenu aujourd’hui, que tu es maintenant. Pour te rendre compte de ce que tu as déjà réalisé, commence par te détacher de cette envie constante d’essayer d’être quelqu’un que tu n’es pas, non pas parce que quelqu’un d’autre le veut pour toi, mais parce que tu croyais que c’était la seule façon de vivre. Sois toi-même et celui que tu es aujourd’hui, ne sois pas celui que tu n’es pas, pensant que cela est bon pour toi. Ne voyant que ce qui te sépare de la personne que tu projettes d’être, tu ne pourras en général qu’être déçu : « le paradoxe curieux est que lorsque je m’accepte, je peux changer. » -Carl Rogers.
11. Ton sang-froid est important à travailler pour changer
« Le calme est la règle de l’instabilité. » — Lao Tseu
Si vous voulez changer de vie, vous aurez besoin de passer par certains moments émotionnels n’ayant rien à voir avec le calme. Vous allez pleurer, peut-être même beaucoup. Vous aurez besoin de montrer vos émotions, non pas pour être violent, mais pour être sincère. Vous aurez peut-être même, besoin de sortir de chez vous à 6h du matin, avec les mêmes habits que ceux utilisés pour dormir, simplement parce que vous avez été frappé par une révélation et qu’il y a un message que vous avez vraiment besoin d’évacuer. Vous allez vivre. Vous allez avoir besoin d’être incertain. Vous allez avoir besoin d’être authentique. Vous allez vous exprimer tout en respectant l’autre. Cependant, vous allez avoir besoin de lâcher l’attente que l’on a de vous à être toujours calme, pour réaliser qu’il vous faut plutôt être honnête si l’on veut changer notre vie.
Le changement, c’est apprendre, c’est vivre, alors ne sois pas trop dur envers toi, avec tes volontés de changer. Fermer une porte pour en ouvrir une autre, ce ne sera jamais une erreur. Ne vois pas le changement comme un processus avec une fin précise, comme le but ultime vers lequel tu tendrais. Ne vois pas le changement comme un but, mais plutôt comme quelque chose partie prenante de notre vie. Le changement, c’est les quelques pas que l’on décide de faire chaque jour vers ce que l’on désire le plus. Il y a cette phrase qui résume tout, et j’aimerai terminer là-dessus.
« Quand on a fini de changer, on a fini de vivre. »
Benjamin Franklin
Merci à vous de partager, ainsi que de me laisser votre avis en commentaire juste en dessous (ce sont ces choses qui me poussent à continuer à changer) !
Photo by Lucas Gallone